mercredi 5 février 2014

Un entretien chez un éditeur de logiciel dans le secteur de l’habillement



Tout d’abord, je tiens à préciser que je n’ai aucune expérience dans ce secteur d’activité. Mais il est important de préciser le secteur pour la suite de cette histoire.
J’ai de l’expérience dans le secteur informatique et chez des éditeurs de logiciels. L’offre a laquelle j’ai répondu sur LinkedIn était rédigée par un cabinet de recrutement qui n’a pas divulgué le nom ni le secteur de son client. Certainement pour éviter de se faire piquer le client, ou bien pour des raisons de confidentialité.
Bref, le poste me correspond tout à fait. Je suis contactée assez rapidement par le cabinet de recrutement.
J’ai remarqué que les cabinets de recrutement contactaient les candidats assez rapidement quand ils pensent qu’ils collent à l’offre.
Je suis contactée un soir assez tard, je ne me rappelle plus bien de l’offre mais j’arrive à donner le change car je postule au même type d’emplois, pour lesquels j’ai le plus de chance d’être contactée.
On me pose des questions très précise sur mon expérience, j’avoue que c’était un peu dur car il était tard, je n’étais pas préparée, les enfants râlaient dans la pièce à coté, et je ne me rappelais plus du descriptif exact. Bref assez cauchemardesque, mais j’ai réussi à passer le cap du barrage téléphonique. J’ai le droit d’aller les voir le vendredi de la même semaine a 17h. Heureusement, ils sont très près de mon domicile.
Le jour dit, je rencontre les deux recruteuses, elles sont toutes les deux très distinguées, on voit qu’elles sont spécialisées dans un secteur ou l’apparence compte beaucoup. Je pense que je m’étais pas mal préparée.
Nous commençons la revue du CV et elles souhaitent entendre mon expérience depuis la maternelle. C’était assez laborieux. La chef a passé du temps aux Etats-Unis comme moi et nous déviions de la conversation de temps en temps. Elle me pose donc beaucoup de questions et le ton s’allège un peu. J’ai l’habitude car aux Etats-Unis, les entretiens sont plus sur le ton de la conversation que de l’interrogatoire. Donc, je ne m’en offusque pas.
Elles me donnent des précisions sur le poste, il s’agit seulement d’un CDD de neuf mois. Cela m’embête car je me dis que je vais refaire tout ce processus de nouveau dans neuf mois, mais je prends tout de même car la paye est correcte et je me dis que ca va me (re)lancer en France.
L’entretien se passe vraiment bien, elles me disent que j’ai le profil idéal, elles me demandent trois références et une copie de mon dernier diplôme. 
J’envoie la copie du diplôme, mais je n’ai pas contacté mes références. Je ne le fais que si je suis sure d’avoir le job, je ne veux pas avoir à les contacter pour rien. C’est déjà difficile de demander a quelqu’un, et encore pus un ancien boss, d’être une référence.
Elles m’appellent pour me donner les informations pour l’entretien. C’est dans un beau quartier de Paris. Et à l’occasion, on me demande mes références, de nouveau. Je fais trainer, je dis que j’attends des réponses.
La responsable du cabinet de recrutement veut ensuite me donner des conseils. Et l’un des conseils est d’être plus formelle. Elle me dit que je dois rester sur le strict énoncé de mon CV et expliquer ce qui est en lien avec le poste recherché.
Est-ce pour cela que mes entretiens ne fonctionnent pas ? Je suis trop souriante. Il est vrai que je peux lier et discuter avec les gens aisément. Mais il me semblait que c’était une qualité, pas un défaut.
J’ai ruminé ces conseils absurdes pendant plusieurs jours, puis je me suis dit que c’était certainement le jeu. Je dois montrer que je peux être sérieuse et appliquée, une petite fourmi travailleuse, un peu comme au goulag.

Et quelques jours plus tard je vais au rendez-vous dans la boite, une boule dans le ventre.
Et la, c’est le cauchemar.
Je suis reçue par deux personnes des ressources humaines. Je me demande pourquoi, j’ai toujours l’impression que les gens ne sont absolument pas chaleureux. Est-ce que mon opinion est faussée par mon expérience outre atlantique ou tout le monde est positif et souriant ? ou bien est-ce ce conseil de la recruteuse qui m’a perturbée ?
Quoi qu’il en soit, j’essaye d’avoir l’air professionnelle. Nous allons dans le bureau de la chef, la seconde RH, plus jeune et totalement soumise, nous suit.
Elle entre tout de suite en mode agressif avec une question sur ce que je sais de la boite. Bon, j’avoue que je n’avais pas fait des recherches très approfondie, mais j’ai toujours été étonnée par la façon dont les gens pensent que vous devez tout savoir en arrivant : la gamme de produits, les clients, les marchés, les zones géographiques, les stratégies…
Un entretien est un échange d’information. Si c’est uniquement à sens unique ca devient un interrogatoire, et c’est à sens unique. Cela devient alors un épisode désagréable, et croyez le ou non, les bons éléments ne rejoindront pas la société.
J’ai énoncé ce que je savais et que j’avais pu trouver sur internet, pas vraiment beaucoup. Et comme je ne viens pas du secteur d’activité, je n’ai même pas pu me raccrocher aux branches.
Elles voyaient bien que j’étais en difficulté, je ne savais pas quels étaient les marchés précisément, et encore moins qui étaient leurs clients. D’autant que c’est un secteur assez confidentiel.
Et malgré cela, la cheftaine me repose la question, un peu comme si j’allais sortir une réponse de mon chapeau. Je me suis dit que je détesterais travailler avec elle. Mais elle n’était que la chienne de garde, mon but était de parler au futur chef et passer le barrage des RH.

Ah… les Ressources Humaines ! On se demande comment on peut faire un job pareil. On trouve des gens à recruter, on fait passer des entretiens qui en réalité ne servent à rien, sinon à faire perdre le temps des candidats et faire un premier tri sur des bases douteuses. Je dis bases douteuses, car en général les gens des Ressources Humaines ne connaissent rien au métier lui-même. Ils ne peuvent que se rattraper sur des informations concernant la boite, l’organisation, parfois les produits, mais pas toujours.

Alors je capitule et leur renvoie la question, elles se font un plaisir de me raconter le fonctionnement de la boite, le nombre de filiales, les différents types de produits et les clients, le nombre de personnes dans les services ou j’ai postulé. C’était hyper instructif, mais ca a été gâché par la culpabilisation « vous auriez du savoir tout cela ».

Nous passons à la revue de mon CV. Je suis les instructions de la recruteuse, je reste très formelle, je réponds aux questions de manière simple et directe. Je me tiens droite sur ma chaise et je tente de ne pas cligner des yeux.
Cette partie se déroule assez bien car c’est moi qui ai la main. Je sais mettre en valeur les éléments de mon CV qui vont faire mouche. Mais je ne m’étale pas, suivant les consignes consciencieusement.

L’entretien se finit un peu froidement. Je ne pense même pas avoir eu le droit au traditionnel « Avez-vous des questions ? » ou bien j’étais tellement pressée de sortir de la que j’ai fait un black-out.

Bien entendu, je n’ai pas été  recontactée pour revenir voir la future chef. Le cabinet de recrutement m’a dit que la raison était que je ne m’étais pas assez préparée pour l’entretien. Elle me dit que certainement, j’avais pris l’entretien à la légère car je savais que j’avais le profil idéal. Mais que la compétition était rude, il y avait 3 autres candidats.
J’ai dit au cabinet de recrutement que seul quelqu’un qui venait de ce secteur pouvait s’en sortir. J’ai aussi glissé que l’accueil était glacial et l’entretien cauchemardesque. Juste comme ca, pour me faire plaisir.
Les feedbacks peuvent se faire dans les deux sens, il me semble.

C’est assez déprimant de voir ce qu’il faut faire pour juste obtenir un malheureux CDD. J’avais le bon profil pour le poste, la bonne expérience. J’ai eu le malheur de ne pas plaire aux sorcières des ressources humaines. Mais qui sait ? La future chef m’aurait peut être choisi ? Et sur des critères de compétences pour le poste plutôt que des critères aléatoires.

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