Alors on entend souvent « cette personne est très politique ». Cela n’a rien à voir avec la Politique et les partis politiques. En général d’ailleurs ces sujets la restent en dehors des entreprises.
Non, un mec
politique au travail c’est tout simplement une façon polie de dire « lèche-cul ».
Le type qui arrive à ménager le chou et la chèvre et qui, qu’elles que soient
les circonstances, s’en tire toujours.
D’ailleurs, je
dis chapeau bas, car c’est un art et une qualité indéniable au travail.
Savez-vous quelle
est « expression pour « lèche-cul » aux Etats-Unis ? on dit
« brown noze » (nez marron). Je ne vais pas m’étaler dans les explications
détaillées, car ce serait mal venu, mais dites vous que c’est la traduction exacte
de l’expression française. Juste un peu plus imagée.
La première fois
que les collègues m’ont sortis cette expression, j’ai mis quelques minutes à
comprendre, puis j’avoue que ca m’a un peu écœurée. Puis, j’ai découvert que
beaucoup des expressions et insultes américaines avaient trait au caca.
Allez-savoir pourquoi !
Bref, revenons à
notre homo-politicus.
Le monde de l’entreprise
est une jungle. Elle ne devrait pas l’être, mais malheureusement, cela échappe
souvent au contrôle des fondateurs et plus la boite est grande plus y vivre (et
y survivre) devient un exercice difficile.
J’avoue que j’ai
une préférence pour les structures à taille moyenne ou petite ou la politique n’a
pas encore élu résidence.
Avez-vous remarqué
comme on reconnait les gens qui sont politiques dès l’école ? J’étais dans
une école de commerce et je peux vous assurer qu’il était facile de savoir qui
allait s’en tirer toute sa vie en entreprise. Facile : le ton mielleux, le
sourire facile, rarement énervé, ne s’engageant pour rien, retournant sa veste très
facilement sans états d’âme et je pense que la qualité numéro un est de réussir
à faire croire aux professeurs qu’ils sont indispensables.
Pourtant les
notes sont moyennes.
Donc, des qualités
sociables et diplomatiques très poussées. Et également la possibilité de se
mettre en mode hibernation quand le vent tourne.
Il y avait ce type
qui était simple grouillot quand je suis arrivée dans la boite. Un grouillot fainéant
en plus. Je devais travailler avec lui de temps en temps et une des choses que
j’ai vite comprises avec lui est qu’il ne valait mieux pas lui demander quoi
que ce soit si on voulait que ce soit fait.
On l’appelait
le botteur en touche, tant il était passé maitre dans l’art. C’est simple
quand on lui demandait quelque chose, il avait plusieurs façons de refuser
sans donner l’impression de refuser directement,
car ce ne serait pas trop bon pour son image.
Soit, il ignorait
la demande, puis s’il était pris, il avait une liste d’excuses toutes faites :
il travaillait sur le gros dossier Tartampion hyper stratégique, il revenait de
vacances et il n’a pas eu le temps de lire tous ses mails, il a été en réunion
toute la journée ces 4 derniers jours…
D’ailleurs une
des stratégies échappatoire est d’être toujours en réunion. Quand les gens
normaux fuient au possible les réunions, les homo-politicus les provoquent. Ils
sont souvent la cause des réunionites aigues qui sévissent dans les
entreprises.
Les réunions permettaient
à mon collègue d’avoir l’air occupé et surtout important.
Il n’allait aux réunions
organisées par les autres que s’il y avait un chef qui y participait. Il
refusait les réunions entre collègues, et surtout pour des projets concrets qui
risqueraient de lui donner des choses à faire.
J’ai appris à me méfier
des réunions organisées par ce collègue. Il avait toujours un super projet « y’a
qu’à- faut qu’on » à proposer. Mais en général, le « nous » ne l’incluait
jamais. Il distribuait les tâches, et sa seule tâche était de refaire une réunion
pour voir ou ca en était.
Du coup, autre caractéristique
de ce collègue, était que tout le monde le fuyait comme la peste. Il n’avait
pas d’amis. Car il ne trompait personne. Personne, sauf le management.
Et oui, ce collègue
savait très bien se faire bien voir par le management et plus particulièrement
son chef. Si un email de la direction arrivait à 23 heures sur nos i-Phones, il
était le premier à répondre, même si ca ne le concernait pas. Et s’il était en
copie d’un email envoyé par la direction, ne le concernant toujours pas, il répondait
tout de même, pour montrer sa connaissance des dossiers. Il faisait tout pour
que son chef le trouve indispensable et pour faire bien voir son chef.
Il y a eu plusieurs
changements de directions et il a toujours réussi à survivre à ces changements
car il ne faisait de l’ombre à personne.
J’aurais beaucoup
d’exemples de petites mesquineries et autres trahisons de ce gentil collègue
pour arriver à son but. Mais je vais faire court, il est désormais Directeur lui-même.
Car son chef est devenu Vice Président.
Et je crois
savoir que la vie est très dure pour lui, car il ne peut plus se cacher derrière
son petit doigt. Son action est plus visible que jamais et il doit bosser.
Conclusion, la
politique paye.
J’ai rencontré
une petite boite qui encore une start-up mais qui a beaucoup d’avenir. L’une
des choses que l’on m’a assuré lors de l’entretien c’est qu’il y a zero
politique. Je ne pense pas que zero politique soit possible, mais proche de
zero, c’est faisable.
L’entretien s’est
bien passé, j’ai eu un petit devoir maison à leur rendre, et la je suis dans la
phase attente. Je croise les doigts, car ce serait vraiment bien. La boite me
plait, l’ambiance a l’air super et les gens ont l’air vraiment smart.
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