lundi 17 février 2014

La Politique au Travail


Alors on entend souvent « cette personne est très politique ». Cela n’a rien à voir avec la Politique et les partis politiques. En général d’ailleurs ces sujets la restent en dehors des entreprises.
Non, un mec politique au travail c’est tout simplement une façon polie de dire « lèche-cul ». Le type qui arrive à ménager le chou et la chèvre et qui, qu’elles que soient les circonstances, s’en tire toujours.

D’ailleurs, je dis chapeau bas, car c’est un art et une qualité indéniable au travail.
Savez-vous quelle est « expression pour « lèche-cul » aux Etats-Unis ? on dit « brown noze » (nez marron). Je ne vais pas m’étaler dans les explications détaillées, car ce serait mal venu, mais dites vous que c’est la traduction exacte de l’expression française. Juste un peu plus imagée.
La première fois que les collègues m’ont sortis cette expression, j’ai mis quelques minutes à comprendre, puis j’avoue que ca m’a un peu écœurée. Puis, j’ai découvert que beaucoup des expressions et insultes américaines avaient trait au caca. Allez-savoir pourquoi !

Bref, revenons à notre homo-politicus.

Le monde de l’entreprise est une jungle. Elle ne devrait pas l’être, mais malheureusement, cela échappe souvent au contrôle des fondateurs et plus la boite est grande plus y vivre (et y survivre) devient un exercice difficile.
J’avoue que j’ai une préférence pour les structures à taille moyenne ou petite ou la politique n’a pas encore élu résidence.

Avez-vous remarqué comme on reconnait les gens qui sont politiques dès l’école ? J’étais dans une école de commerce et je peux vous assurer qu’il était facile de savoir qui allait s’en tirer toute sa vie en entreprise. Facile : le ton mielleux, le sourire facile, rarement énervé, ne s’engageant pour rien, retournant sa veste très facilement sans états d’âme et je pense que la qualité numéro un est de réussir à faire croire aux professeurs qu’ils sont indispensables.
Pourtant les notes sont moyennes.

Donc, des qualités sociables et diplomatiques très poussées. Et également la possibilité de se mettre en mode hibernation quand le vent tourne.
Il y avait ce type qui était simple grouillot quand je suis arrivée dans la boite. Un grouillot fainéant en plus. Je devais travailler avec lui de temps en temps et une des choses que j’ai vite comprises avec lui est qu’il ne valait mieux pas lui demander quoi que ce soit si on voulait que ce soit fait.
On l’appelait le botteur en touche, tant il était passé maitre dans l’art. C’est simple quand on lui demandait quelque chose, il avait plusieurs façons de refuser sans  donner l’impression de refuser directement, car ce ne serait pas trop bon pour son image.

Soit, il ignorait la demande, puis s’il était pris, il avait une liste d’excuses toutes faites : il travaillait sur le gros dossier Tartampion hyper stratégique, il revenait de vacances et il n’a pas eu le temps de lire tous ses mails, il a été en réunion toute la journée ces 4 derniers jours…

D’ailleurs une des stratégies échappatoire est d’être toujours en réunion. Quand les gens normaux fuient au possible les réunions, les homo-politicus les provoquent. Ils sont souvent la cause des réunionites aigues qui sévissent dans les entreprises.
Les réunions permettaient à mon collègue d’avoir l’air occupé et surtout important.
Il n’allait aux réunions organisées par les autres que s’il y avait un chef qui y participait. Il refusait les réunions entre collègues, et surtout pour des projets concrets qui risqueraient de lui donner des choses à faire.

J’ai appris à me méfier des réunions organisées par ce collègue. Il avait toujours un super projet « y’a qu’à- faut qu’on » à proposer. Mais en général, le « nous » ne l’incluait jamais. Il distribuait les tâches, et sa seule tâche était de refaire une réunion pour voir ou ca en était.
Du coup, autre caractéristique de ce collègue, était que tout le monde le fuyait comme la peste. Il n’avait pas d’amis. Car il ne trompait personne. Personne, sauf le management.

Et oui, ce collègue savait très bien se faire bien voir par le management et plus particulièrement son chef. Si un email de la direction arrivait à 23 heures sur nos i-Phones, il était le premier à répondre, même si ca ne le concernait pas. Et s’il était en copie d’un email envoyé par la direction, ne le concernant toujours pas, il répondait tout de même, pour montrer sa connaissance des dossiers. Il faisait tout pour que son chef le trouve indispensable et pour faire bien voir son chef.

Il y a eu plusieurs changements de directions et il a toujours réussi à survivre à ces changements car il ne faisait de l’ombre à personne.
J’aurais beaucoup d’exemples de petites mesquineries et autres trahisons de ce gentil collègue pour arriver à son but. Mais je vais faire court, il est désormais Directeur lui-même. Car son chef est devenu Vice Président.
Et je crois savoir que la vie est très dure pour lui, car il ne peut plus se cacher derrière son petit doigt. Son action est plus visible que jamais et il doit bosser.

Conclusion, la politique paye.

J’ai rencontré une petite boite qui encore une start-up mais qui a beaucoup d’avenir. L’une des choses que l’on m’a assuré lors de l’entretien c’est qu’il y a zero politique. Je ne pense pas que zero politique soit possible, mais proche de zero, c’est faisable.
L’entretien s’est bien passé, j’ai eu un petit devoir maison à leur rendre, et la je suis dans la phase attente. Je croise les doigts, car ce serait vraiment bien. La boite me plait, l’ambiance a l’air super et les gens ont l’air vraiment smart.

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